Métiers du commerce #3 - vendredi 30 septembre 2022

STRASBOURG : UN ESCAPE GAME POUR RÉVÉLER LES TALENTS DU COMMERCE

Changer la perception des recruteurs vis-à-vis des demandeurs d’emploi et vice-et-versa, c’est l’idée de Nicolas Gaudin, conseiller entreprise à l’agence pôle emploi de Strasbourg Hautepierre en organisant cet escape game le 13 juin dernier. Résultats à la clé, retour sur action qui s’inscrit résolument dans l’air du temps.

Dans la lignée des événements Du stade vers l’emploi où le sport devient prétexte à révéler les soft kills de demandeurs d’emploi auprès de recruteurs restés anonymes, Nicolas Gaudin, conseiller qui accompagne de jeunes demandeurs d’emploi, a imaginé une expérience quasi identique avec une économie de moyens et un public plus restreint.  L’idée est séduisante pour Frédérique Mangold, responsable d’équipe entreprise et accompagnement global de l’agence pôle emploi de Strasbourg Hautepierre, car elle «permet d’aborder le recrutement d’une façon totalement différente. Plus question de mettre en avant CV, lettre de motivation, diplôme, voire expérience. C’est bien la personnalité, le savoir-être, la façon dont le demandeur d’emploi appréhende les épreuves, le travail en groupe et le respect des consignes qui priment».

Une chasse aux énigmes pour détecter les potentiels

Et pourquoi pas expérimenter ce projet avec deux enseignes du commerce qui recrutent dans le secteur, la boulangerie Paul et le magasin Jules ? Une quarantaine de demandeurs d’emploi et des représentants des deux enseignes, qui proposent une dizaine d’offres à pourvoir rapidement, se retrouvent donc autour d’une série d’épreuves d’escape game dans les locaux d’ «A Maze In» à Strasbourg. La chasse aux énigmes se déroule en équipe. «Nous avions préparé les demandeurs d’emploi en amont et organisé des groupes autour d’un représentant des enseignes commerciales par groupe. Ensuite, nous avons organisé des tournois sur d’autres scénarios d’enquêtes pour que les participants tournent et que les recruteurs puissent rencontrer tous les demandeurs d’emploi » explique Frédérique Mangold.

Une mise en confiance pour des entretiens plus détendus

Pour Nadja Gueudré, responsable du recrutement chez Paul, l’escape game est tout à fait adapté au recrutement dans le commerce. «Cela casse les codes et permet de voir comment les candidats gèrent le stress, comment ils évoluent en équipe. L’escape game exige des attitudes que l’on retrouve dans les métiers du commerce. On peut apprécier s'ils ont le sens du partage, s'ils sont anxieux ou pas, s'ils vont de l’avant. C’est un excellent moyen de faire un parallèle avec l’attitude professionnelle ! ». Et ça fonctionne très bien. « On voit très rapidement que les personnes sont plus à l’aise, qu’elles se prennent facilement au jeu sans penser à l’enjeu principal de la journée à savoir le recrutement à proprement dit ». Après la pause déjeuner, quand les recruteurs se dévoilent, c’est l’étonnement. La surprise fonctionne. Mais l’escape game ayant fait son œuvre de mise en confiance, les entretiens se déroulent dans un climat tout à fait convivial. Le bilan est à la hauteur avec au moins six embauches rapides, et pour les autres candidats, des mises en relation avec d’autres entreprises du secteur ou des périodes de mise en situation en milieu professionnel.

« L’escape Game exige des aptitudes que l’on retrouve dans les métiers du commerce. On peut apprécier si les candidats ont le sens du partage, s'ils sont anxieux ou pas, s'ills vont de l’avant. C’est un excellent moyen de faire un parallèle avec l’attitude professionnelle ! » Nadja Gueudré, responsable du recrutement chez Paul.

 

 

Trois questions à Nadja Gueudré, responsable de recrutement pour les boulangeries Paul

Avez-vous été surprise par ce nouveau mode de recrutement ?
J’envisageais moi-même de faire un escape game à l’instar de La Poste qui utilise ce type d’action pour trouver de nouveaux talents avec un certain succès.  Alors j’ai tout de suite accepté l’invitation de l’équipe pôle emploi de Strasbourg Hautepierre. J’étais présente pour repérer et le cas échéant, recruter vendeurs et vendeuses pour trois postes à pourvoir.
J’ai félicité l’équipe car c’est une sacrée innovation d’envisager la rencontre de collaborateurs potentiels de cette façon. Pôle emploi est dans l’air du temps, dans son époque et dans la société actuelle. L’établissement va vite et s’adapte rapidement. Les conseillers sont très agiles dans les réponses à nos problématiques.

Quel changement avez-vous noté par rapport à un mode de recrutement traditionnel ?
Très prosaïquement, nous voyons les candidats en situation. L’escape game exige des aptitudes que l’on retrouve dans les métiers du commerce. En plus, on est dans le groupe, incognito, et on joue avec des personnes, non des demandeurs d’emploi dans un contexte traditionnel de recrutement. Cela casse les codes. Cela permet de voir comment elles gèrent le stress, comment elles évoluent en équipe, d’apprécier si elles ont le sens du partage, si elles sont anxieuses ou pas, si elles vont de l’avant. C’est un excellent moyen de faire un parallèle avec l’attitude professionnelle. Cela donne une bonne trame, un bon aperçu de ce qu’elles peuvent être en situation de travail. Un 360° de la personnalité en quelque sorte.

Cette journée a-t-elle été concluante pour les boulangeries Paul ?
Clairement, j’ai repéré trois personnes à qui j’ai proposé des immersions. Et nous allons signer un contrat d’embauche pour une personne qui a montré des attitudes particulièrement adaptées à notre métier. Donc, oui, c’est assez positif. Pôle emploi a vraiment su évoluer dans le bons sens, ce qui nous aide beaucoup. J’invite les entreprises à participer à ce type d’événement, c’est vraiment très enrichissant et aidant.