Métiers de l'hôtellerie-restauration #3 - vendredi 30 septembre 2022

ARDENNES : UN MASTERCHEF POUR RECRUTER !

Derrière les fourneaux, huit demandeurs d’emploi. A table, trois restaurateurs qui recrutent. Aux manettes de ce masterchef du recrutement, le service public de l’emploi des Ardennes qui innove une fois de plus avec ce concours de cuisine suivi d’un job dating. Une recette simple qui comble les participants !

Mettre les pieds dans le plat ! C’est sans doute une image osée, qui colle pourtant assez bien à cette action de découverte organisée lundi 4 juillet au CFA Alméa de Charleville-Mézières. Pour la plupart sans aucune formation dans la restauration, mais avec l’envie de cuisiner ailleurs que dans leur propre cuisine, huit demandeurs d’emploi s’essaient à l’élaboration d’un repas avec l’aide des formateurs du CFA Alméa, et les produits offerts grâcieusement par l’enseigne Métro, et la structure d’insertion par l’activité économique Espace Environnement 08.

«Avec nos partenaires, Cap emploi, le CFA Alméa, l’Etat, l’Umih, on veut bousculer un peu les schémas habituels en installant le recrutement dans un climat de confiance et une ambiance détendue. Ce concours culinaire consiste à préparer deux plats de volaille pour huit personnes et des desserts à base de framboises. Très vite, une vraie complicité s’installe entre tous, détaille Azedine Benameur, chargé de mission à la direction territoriale Pôle emploi Ardennes. Les demandeurs d’emploi s’appliquent et travaillent vraiment très bien. Les formateurs apprécient l’envie de bien faire, voire de se surpasser, de certains. Globalement la plupart a déjà un niveau CAP de cuisine selon l’un des professeurs, ce qui est plutôt flatteur pour ces personnes qui cuisinent quotidiennement chez eux».

Un véritable jury d'experts !

La dégustation est assurée par un jury d’experts. Des experts qui recrutent comme l’hôtel le Grand Cerf de Carignan et le Moulin de la Chut de Juniville, ou encore les Trois Brasseurs, dont l’ouverture à Charleville-Mézières est programmée pour octobre. « Le jury les observe et note selon une grille pour donner un peu de sérieux au concours. C’est également l’occasion de remarques très constructives de la part des restaurateurs qui commencent à repérer des talents et des profils intéressants !» Le mercato peut démarrer ! Pour Jean-François Raczinsky, responsable des Trois Brasseurs, c’est une occasion de détecter des talents et des profils intéressants. «Je travaille dans le domaine de la restauration depuis presque 20 ans. Les difficultés de recrutement, on les a vues arriver vers 2014 - 2015. Depuis 5 à 6 ans, les choses se compliquent et  la crise sanitaire est venue bouleverser encore un peu plus nos métiers. La restauration est un métier de passion. On ne l’exerce pas par hasard. C’est un métier exigeant, qui nécessite de travailler le soir, les week-ends, les jours fériés. De plus en plus, les restaurants comme Les Trois Brasseurs ouvrent dans les zones d’activité commerciale, qui ne sont pas forcément desservies pas les transports en commun et n’offrent pas le confort d’un accès en centre-ville pour les salariés. Pour ouvrir un restaurant Les Trois Brasseurs, il faut 35 à 40 personnes. Très rapidement les gens démissionnent. En deux semaines, on peut perdre un peu plus de 20% de l’effectif». Pour assurer son ouverture prévue le 10 octobre, le restaurateur n’a pas d’autre choix que celui de recruter massivement. «Pouvoir rencontrer des personnes, apprécier leur motivation, leur personnalité, leur savoir-être in situ dans les conditions du terrain, tout cela représente un avantage indéniable. C’est 1000 fois mieux qu’un recrutement traditionnel avec CV et entretien. Au moins, on se fait un avis tout de suite».

"Le jeu en vaut la chandelle"

Et le bilan est à la hauteur de l’ambition. «Quatre personnes ont intégré l’équipe des Trois brasseurs, dont son second de cuisine. Une autre personne va réaliser une période  de mise en situation en milieu professionnel et un travailleur en situation de handicap va signer un contrat de professionnalisation. Cerise sur le gâteau, l’un des chercheur d’emploi a décliné une offre d’embauche pour suivre une formation qualifiante à la rentrée dans la restauration. Et il fera ses stages à l’hôtel le Grand Cerf de Carignan avec la possibilité d’une embauche à la clé !». Pour les restaurateurs qui ont joué le jeu comme Jean-François Raczinsky, «ce type d’opération est vraiment un bon investissement en terme de temps. Pour arriver au même résultat, j’aurais dû consacrer plusieurs semaines. Je participerai à nouveau avec grand plaisir à ce type d’événement, il faudrait même l’étendre au métier du service en salle, et j’invite mes confrères à y participer car le jeu en vaut largement la chandelle !».

 

 

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=whFf6P4k7ng