«L’idée est simple mais pas simpliste : faire découvrir ce secteur d’activités aux femmes. Elles ont une place à prendre, quelle que soit l’activité. L’institut d’apprentissage souhaite depuis longtemps sensibiliser les femmes à l’univers industriel en cassant les codes et les clichés» explique Nassima Berhaili. Une journée entière dédiée aux femmes dans l’industrie : l’initiative avait déjà rencontré un vif succès à Thaon-Les-Vosges. Une bonne raison de réitérer l’expérience à Nancy. Le 21 juin, un peu moins de 80 femmes, sans aucun prérequis de formation ou d’expérience, investissent les locaux du pôle formation de l’UIMM à Maxéville. Installées dans l’amphithéâtre de l’UIMM, elles vont pouvoir faire connaissance avec neuf femmes d’industrie venues témoigner de leur travail. Elles sont tuyautrices, opératrices de production ou encore techniciennes en usinage et ont un point commun : la passion de leur métier qu’elles souhaitent partager aux autres femmes. A travers des jeux interactifs et des quizz, elles font tomber progressivement les idées reçues sur le secteur. «L’idée est de prouver que quiconque a sa place dans une entreprise industrielle.  Les freins sont nos propres représentations et les schémas que l’on s’impose. Il faut oser aller vers le monde industriel qui offre de vraies perspectives».

Pour toucher du doigt la réalité de ces métiers et leur accessibilité aux femmes, le pôle formation de l’UIMM dispose d’un plateau technique, reproduction d’un environnement industriel grandeur nature. Après la visite immersive, les participantes ont même pu s’initier à la soudure. «Globalement les métiers sont méconnus et l’image de l’industrie sale et fatigante demeure dans l’esprit du grand public. Pourtant, des progrès significatifs sont réalisés sur l’ergonomie des installations, le port de charge, autant d’éléments qui renforcent l’accessibilité au public féminin» confirme Laurence Thomas. D’autant que le public féminin séduit de nombreux recruteurs. «Les femmes sont très prisées par les entreprises, car elles sont minutieuses et pugnaces. Le public féminin est un vivier de talents cachés, nous en sommes persuadés. C’est très rare qu’une femme abandonne une formation en cours de route. En général, quand elles sont en formation chez nous, elles ont réglé tous les problèmes avant et sont ultra concentrées sur l’apprentissage. Elles apportent aussi de la stabilité dans les équipes».

Avec une pyramide des âges totalement défavorable au secteur industriel, les femmes restent une cible privilégiée pour des entreprises au salariat encore trop peu féminisé. Fives Nordon, France Elévateur, Hydro Leduc, Véolia, Saint Gobain, nombreux sont les industriels à participer au job dating de 15h. Trois contrats signés, des formations enclenchées, des entretiens programmés… Un bilan positif qui encourage une prochaine édition comme le confirme Laurence Thomas. «Le Pôle formation UIMM compte, dans les prochains mois, renouveler cet événement dans toute la Lorraine. L’industrie a toujours autant de besoins. La pyramide des âges n’est guère favorable et de nouveaux besoins liés aux nouvelles technologies émergent, comme la demande grandissante en moteurs électriques pour l’industrie automobile. Ce type d’évènement est exemplaire et nous permet de travailler ainsi avec les conseillers Pôle emploi qui ont une double casquette : ils connaissent bien les demandeurs d’emploi et les aptitudes requises par les entreprises. D’ailleurs nous recommandons régulièrement aux entreprises de notre branche de solliciter les services des équipes MRS (méthode de recrutement par simulation) de Pôle emploi, qui proposent des solutions très satisfaisantes pour nombre de recrutements». Mais pour Laurence Thomas comme pour Nassima Berhaili, la réussite de cette journée tient surtout à la sincérité et à la passion de ces femmes d’industrie venues «donner envie d’industrie» aux participantes. «J’ai observé le public captivé par les récits. Elles ont pu s’identifier, se dire «si elles l’ont fait, moi aussi je peux le faire !» Elles ont besoin d’être encouragées. D’ailleurs, l’une d’entre elle, à fin du job dating, a déclaré qu’en fait les entreprises cherchent plus des personnalités que des CV. Elle a parfaitement résumé notre façon de voir le recrutement aujourd’hui.»