«Il y a énormément de clichés sur l’industrie. Quand un jeune en 3ème a des bons résultats scolaires, on va lui dire «continue dans une voie générale». Et on en retrouve certains plus tard, un peu perdus». Denis Rosenblatt, ancien responsable outillage et formateur dans un CFAI, est un fondu d’industrie. Un passionné de son métier et de sa boite, Stocko contact, fabricant de systèmes de connexion électriques pour l’industrie, l’automobile et l'électroménager sur le site d’Andlau en Alsace. Lorsqu’on lui a proposé de prendre la responsabilité du centre de formation interne, il n’a pas hésité un instant. Avec les collèges, avec les lycées comme avec les équipes Pôle emploi, Denis Rosenblatt s’engage à faire partager sa vision de l’industrie et la réalité de ses métiers : «Il faut ouvrir les portes et puis faire découvrir ça aux gens. Il faut donner envie. C’est tout le travail qu’on fait avec Pôle emploi». Car Stocko est en mal de recrutements, surtout pour les métiers de régleurs, outilleurs, usineurs car «la plupart des gens ne savent même pas à quoi ils correspondent». En septembre 2021, les équipes de Stocko, accompagnées par l’équipe entreprise de pôle emploi Sélestat et la région Grand Est, décident de cofinancer une formation préalable au recrutement. Le démarrage est fixé début décembre 2021.
Huit stagiaires partants pour trois mois de formation
Après une réunion d’information, les tests de la méthode de recrutement par simulation aboutissent à la sélection de dix candidats. Deux abandons plus tard, huit stagiaires restent en course pour trois mois de formation à raison de 30 heures de théorie et 70 heures de stage dans l'entreprise par mois. Déjà un petit défi pour ces candidats aux profils très variés. «Le plus souvent, ce sont des personnes éloignées de l'emploi, mais encore plus des études. Pour eux, difficile de rester statiques pendant des heures. Mais il faut garder en tête que ce sont des métiers techniques qualifiés. Un outilleur, c'est un technicien. C’est assez pointu. Donc ils font des maths, de la technologie de base pour ne pas être perdus au moment du stage pratique» explique Denis Rosenblatt. «On fixe un cadre, mais il est évolutif. Si je vois, lors d’un cours de métrologie de deux jours, que le stagiaire déconnecte au bout d’une journée, je peux l’emmener en atelier pour pratiquer un peu tout en restant sur notre thématique. Il faut être souple, sinon on court à l'échec». Pour Denis Rosenblatt, l’important est de rester à l’écoute avec sa «porte toujours ouverte pour eux».
Un collectif soudé et le personnel de l’entreprise aux petits soins
Et les huit stagiaires s’accrochent, se serrent les coudes, s’entraident et s’encouragent. «Le groupe était très soudé. Cette cohésion de groupe donne envie, c'est vraiment important. D’ailleurs, sur les trois mois de formation, du 7 décembre au 7 mars, on n’a eu aucune absence, aucun retard. Preuve que le recrutement de départ était bon». Chez Stocko, tout le personnel, bien conscient de l’enjeu lié à la réussite de ce recrutement, joue le jeu : «le personnel, c’est très valorisant de faire découvrir son métier, partager son savoir-faire. En plus, ils se rendent compte que tout est mis en place pour pouvoir recruter».
Après la préparation opérationnelle à l’emploi, place au certificat de qualification professionnelle
Le 7 mars, comme convenu, Stock a signé huit embauches en contrat de professionnalisation. Le but : valider un certificat de qualification professionnelle Ajusteur monteur d'outillage de presse. Les voilà repartis pour un an avec 66 jours de formation. «Pour le diplôme, ils sont un peu inquiets. Il faut monter un dossier technique, présenter son travail, faire un petit peu d'oral. Mais on est là pour les rassurer». Durant un mois et demi, les stagiaires ont découvert les différents métiers qui recrutent chez Stocko. A eux de choisir. «Ils ont fait des stages pratiques, par groupes de deux, pour découvrir les métiers de régleur, d'usineur, d’outilleur, de maintenancier avec un tuteur». Pour l’entreprise, c’est un investissement «nécessaire». Avec un seul désistement lors de la période d’essai du contrat de professionnalisation, l’opération est un succès. Et Stocko s’engage directement sur une deuxième session… améliorée.
C’est parti pour une deuxième session
«On a appris de cette première session et les équipes de Stocko ont décidé de modifier un peu le programme qui a débuté en octobre» explique Séverine Kozlow, responsable de l’équipe entreprise à l’agence pôle emploi de Sélestat. Et ça commence directement par la réunion d’information et les exercices MRS de novembre qui se font directement en entreprise. Une immersion qui offre aux candidats une proximité directe avec leur environnement de travail et la réalité des métiers proposés. «Chez nous, tout est propre, les sols brillent, on a des éclairages LED, c'est insonorisé. Les espaces de travail sont complètement calmes. Bref à mille lieues du cliché de l’industrie sale et bruyante» complète Denis Rosenblatt.
Stocko est prêt à accueillir cette deuxième session de 11 candidats pour un parcours de formation identique qui devrait lui permettre de compléter ses effectifs.