Métier du bâtiment #5 - mercredi 19 avril 2023

REIMS : HUIT ENTREPRISES EN QUÊTE DE FRIGORISTES

A Reims, les frigoristes sont des profils très rares. Aussi, quand huit entreprises sont en quête de spécialistes du froid en même temps, Marie-Laure Lesseux, conseillère entreprise à l’agence pôle emploi de Reims Mont d’Arène, se met très vite sur la piste d’une formation sur mesure. Explications

Gayet, Forgel, Coprecs, Anquetil, Conraux,  Eimi, Serec et Afcp, en tout huit entreprises marnaises qui cherchent des frigoristes pour l’installation ou la maintenance. Devant le manque de profils, Marie-Laure Lesseux, conseillère entreprise à l’agence pôle emploi de Reims Mont d’Arène, joue la carte de la formation. «Nous avons eu recours à une préparation opérationnelle à l’emploi individuelle complétée d’un Fonds d’Intervention pour la Formation et l’Emploi. Cette action de formation s’est faite grâce un partenariat efficace, durable et consolidé avec la Région Grand Est, les entreprises, la FFB 51 les Opco EP et Constructys, le centre de formation et bien sûr Pôle emploi». Un montage qui a permis la construction d’un parcours de formation de 735 heures vers le métier de technicien frigoriste/maintenance en froid avec l’organisme de formation Greta CFA de la Marne, pour huit demandeurs d’emploi.

«C’est tout le travail de Pôle emploi, premier cabinet de recrutement de France, que je salue ici» Emmanuel Fleischmann, directeur d’agence Eimi à Reims.

Huit candidats et huit formations validées

Pour trouver les huit candidats, les équipes de Pôle emploi mènent une campagne de phoning auprès des demandeurs d’emploi pour présenter une opération qui permet de bénéficier d’une formation immédiatement suivie d’un emploi. Le principe de l’opération est simple : ce sont les entreprises qui choisissent leur futur salarié avant l’entrée en formation. «Ce parcours de formation est professionnalisant, totalement construit avec et pour les entreprises. Elles font face à des problématiques de recrutement de profils qui durent depuis trop longtemps. Ce type de formation fait partie des solutions», explique Marie-Laure Lesseux. Cette formation intègre une alternance centre/entreprise de deux et trois semaines avec, à l’issue, un CDD de 12 mois pour poursuivre la montée en compétences en vue d’un d’un CDI de technicien de maintenance en froid et climatisation.

Fin 2022, le bilan est vraiment positif : huit formations validées et six embauches à la clef (NDR : deux abandons pour raison de santé). Les stagiaires, très assidus, ont développé de solides compétences. Le mentorat en entreprise, très apprécié, se révèle efficace et les stagiaires saluent «la qualité de la formation et celle des formateurs». L’opération est reconduite en 2023 avec, en plus, la mise en place d’immersions pour valider la démarche.

Parole d’employeur : Emmanuel Fleischmann, directeur d’agence Eimi à Reims
Depuis quand cherchez-vous des frigoristes ?
Emmanuel Fleischmann : En fait, les besoins sont variables mais latents. 
Depuis six à sept ans, nous avons embauché 12 frigoristes, soit en moyenne deux par an. Ces besoins sont liés à la fois à notre développement mais également à la gestion de notre pyramide des âges et à des départs qu’il faut logiquement compenser. Par conséquent, nous sommes très régulièrement confrontés à cette problématique de ressources en techniciens de maintenance frigoriste. Actuellement, à Reims, nos équipes sont complètes, notamment grâce au recrutement de cinq techniciens en 2022 et à l’arrivée d’un sixième collaborateur suite à la formation mise en place par la Région et Pôle emploi avec le groupement d’entreprises en 2022. Par contre, il n’est pas exclu que nous ayons de nouveaux besoins à moyen terme.
Est-ce un métier où le nombre de candidats est particulièrement faible ?
Emmanuel Fleischmann : Globalement oui, car le métier a évolué et s’est fortement développé. La climatisation s’est démocratisée et généralisée. Les systèmes de chauffage classiques mutent vers des systèmes de type pompe à chaleur et enfin les clients ajoutent la climatisation à leurs installations existantes. Comme dans beaucoup de métiers du bâtiment, nous souffrons aussi d’un déficit d’image de notre secteur d’activité, alors que les métiers du chauffage, ventilation, climatisation (CVC) sont riches et variés. Le métier de technicien de maintenance frigoriste est, pour sa part, très technique.
Quelles sont les qualités requises ? 
Emmanuel Fleischmann : Nous recherchons tout d’abord des qualités de travail et des qualités humaines, à savoir du sérieux, de la rigueur, la valeur du travail, la capacité à travailler en équipe ou le sens du service. Ensuite, nous recherchons des qualités nécessaires pour exercer le métier, notamment la curiosité, le sens de la réflexion et l’autonomie. Et enfin, bien évidemment, nous sommes à la recherche des compétences techniques essentielles en thermique, thermodynamique et électricité.  

Pôle emploi, et plus particulièrement Marie-Laure Lesseux, vous accompagnent, vous et d’autres entreprises, pour répondre à vos besoins.  Que pouvez-vous nous dire sur cet accompagnement et sur la mise en place de la formation ?
Emmanuel Fleischmann : Au départ, l’idée est venue d’un confrère, l’entreprise Gayet, qui a fait ce constat de carence et qui a appelé Pôle emploi en leur soumettant cette idée de formation sur mesure, adaptée aux besoins des entreprises. L’idée s’est élargie à un groupe d’entreprises du bassin d’emploi qui partagent les mêmes valeurs et ont les mêmes besoins. Pôle emploi et la Région Grand Est ont alors pris en main ce dossier et mis en place cette formation : organisation des rendez-vous avec les entreprises pour définir le programme, sélection des candidats, organisation des formations avec le Greta etc. Les entreprises ont adhéré tout de suite, ainsi que les pôles de formation concernés. Résultat : en 10-11 mois, la première «promotion» était formée. Ceci a été rendu possible grâce à l’engagement de tous, et le pilotage fin de Pôle emploi et de la Région Grand Est.
Pour vous c’est une bonne solution ?
Emmanuel Fleischmann : Oui, car elle vient en complément des formations classiques qu’elle n’a pas vocation à remplacer. Cela peut nous aider à trouver des candidats, à les former, à les intégrer à nos équipes avec, pour le candidat comme pour nous, un emploi pérenne à la clé. C’est tout le travail de Pôle emploi, premier cabinet de recrutement de France, que je salue ici. En effet, Pôle emploi a le vivier de candidats, est le référent des entreprises et connaît le marché et nos besoins. Grâce à ce genre de contacts et à la mise en place de formation, Pôle emploi propose des solutions adaptées et innovantes. Sur ce dossier particulièrement, j’ai été très agréablement surpris lors du job dating de la qualité des candidats retenus : il y a eu un vrai travail de pré-sélection et une très bonne adéquation avec le profil recherché. Du coup, chaque entreprise a pu rapidement trouver le ou les candidats qui correspondaient à ses attentes et ses besoins. Certaines entreprises ont demandé un même dispositif de formation pour les chauffagistes, nous allons donc étendre avec Pôle emploi le panel des entreprises concernées.