Spécialisée dans le transport de véhicules, l’entreprise Tramosa possède une flotte de 150 camions et emploie 200 conducteurs. Elle achemine les véhicules depuis Creutzwald vers une grande partie de l’Europe et dispose d’un parc de stockage de 35 hectares qui accueille 9 000 voitures, avec une capacité de chargement et de déchargement de 1 500 véhicules par jour. Mais voilà, Tramosa ne fait pas exception et fait face, comme beaucoup d’entreprises du secteur, à de grosses difficultés de recrutement amplifiées par une pyramide des âges sans appel. «Nos chauffeurs très spécialisés déplacent les véhicules des centres de productions vers les centres de logistique puis livrent les concessionnaires. C’est un métier très exigeant. Veiller au chargement, au déchargement des voitures, c’est assez délicat, surtout au prix de certains véhicules de marques comme Porsche ou Mercedes, explique Nathalie Baldelli. Il faut une vigilance de tous les instants, surtout lors de la conduite où on doit adapter sa vitesse. Nous demandons également à nos chauffeurs d’avoir une attitude irréprochable car ils sont les représentants de l’entreprise chez les concessionnaires». Dans le milieu routier, ces chauffeurs sont considérés comme «les rois de la route». Côté conditions de travail, ils commencent à 8h pour terminer à 18h, ne dorment dans leurs camions que deux jours par semaine en moyenne. «Nous proposons des salaires importants de 3000 euros mensuels complétés par différentes primes pouvant atteindre 1000 euros. Malgré cela, nous avons du mal à recruter». Devant cette «panne des vocations», il faut réagir vite.

Sylvie Doyen, conseillère entreprise à l’agence pôle emploi de Creutzwald, travaille depuis deux ans avec l’entreprise de transport. «Pour faire face aux départs à la retraite, nous avons établi un plan de recrutement sur 18 mois pour 18 nouveaux chauffeurs, soit six par semestre». En collaboration avec l’OPCO transport, la Région Grand Est, l’organisme de formation Altmeier de Forbach et l’employeur, l’équipe de Pôle emploi établit un cahier des charges précis de la formation qui comporte les permis C, EC,  l’ADR, la Fimo et le module porte-voitures, pour un coût de 10 000 euros unitaire. Après un sourcing efficace, une réunion d’information, une lettre de motivation et des tests de niveau en français, en mathématiques, en géographie et en réglementation routière, les candidats sont reçus en entretien par Pascale Hoffmann, chargée de recrutement de Tramosa. «Cela permet de maintenir une forme de pression et de ne pas perdre les candidats avant de débrifer sur les personnes reçues en entretien», précise Sylvie Doyen. L’étape suivante viendra confirmer leur motivation via une immersion (PSMP) de deux jours en entreprise. L’occasion pour les candidats d’apprécier le travail dans des conditions réelles en effectuant des chargements et déchargements ou encore en accompagnant un chauffeur sur un trajet local. «D’ailleurs, ce dernier donne également son avis sur le candidat». En mai 2022, six personnes intègrent ainsi la première session de ce parcours de formation sur-mesure, la seconde débutera en octobre 2022 et la troisième en janvier 2023, tenant compte à chaque fois des enseignements de la précédente.

«Pour la session de janvier, nous avons réalisé un diagnostic des besoins de formation auprès des demandeurs d’emploi et programmé des formations de Titre professionnel Porteur». Après une information collective et une visite de l’entreprise début décembre, cinq personnes ont été retenues, dont trois par une opération de détection de potentiel. Ces ateliers «Détection de potentiel» permettent aux demandeurs d’emploi d’explorer leur potentiel d’habiletés et de découvrir des secteurs d’activités porteurs. La suite ne change pas : entretiens individuels et immersions complètent la sélection avant d’intégrer la formation en TP porteur (incluant permis C, ADR et Fimo). La suite, TP tous véhicule (permis EC)  et le module complémentaire porte voitures, se fera via une Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) au sein du même organisme de  formation. «Cette solution est parfaitement adaptée aux besoins de l’entreprise», explique la conseillère entreprise de Creutzwald.

«Nous en sommes à notre deuxième séquence de recrutement assortie de formations financées par Pôle emploi. Cela nous a permis de remplacer huit départs en retraites par huit nouveaux arrivants. Parallèlement, nous nous adaptons aux exigences et renouvelons notre flotte de camions pour des camions plus confortables et émettant moins de particules. Nous sommes exigeants quant à nos besoins, mais les réponses de Pôle emploi sont adaptées et nous travaillons toujours avec les mêmes conseillers, ce qui est très confortable et sécurisant. C’est parfait !» conclut Nathalie Baldelli, responsable des ressources humaines de la société Tramosa.